Canada : le Covid-19 remet le tourisme intérieur au goût du jour
Alors que la majorité des parcs nationaux qui attirent des centaines de milliers de touristes ont ouvert leurs portes début juin, les Canadiens sortent prudemment du confinement pour renouer avec leur art de vivre, mêlant plein air, gourmandises sucrées et sport. Ils ont été plusieurs dizaines à faire la queue devant l’entrée du parc national de Banff, un lac glaciaire pittoresque entouré de montagnes imposantes et de forêts luxuriantes, en Alberta. Les Canadiens sauveront-ils leur industrie touristique déjà titubante ? On fait le point avec https://www.canadatrip.fr.
Plan de l’article
Réorienter les touristes canadiens vers… le Canada
« Ces trois mois ont été longs. Tout le monde a été enfermé, et il est temps de sortir et d’aller chercher des truites de lac », a déclaré M. Schlachter, à nos confrères de Reuters. Ce pêcheur remet son bateau à l’eau pour la première fois depuis début mars. Le lac est un pôle d’attraction touristique, mais cette année, l’eau sera sensiblement plus calme, tout comme les pistes cyclables, les cafés et les campings… Les visiteurs internationaux restant à l’écart en raison de la pandémie et des restrictions frontalières, l’été s’annonce paisible pour les Canadiens… et menaçant pour les professionnels du tourisme qui craignent des licenciements en masse.
Pour les plus optimistes, ce sont les Canadiens qui signeront le salut du secteur, certains plaidant en faveur d’une campagne marketing pour faire redécouvrir aux Canadiens les destinations de Banff, Montréal et Victoria, de plus en plus délaissées par les locaux à la faveur du voisin américain et des îles des Caraïbes.
Une situation inédite à Montréal et Victoria
En temps normal, les rues pavées du Vieux-Montréal sont encombrées à cette époque de l’année, à la fois par les passants mais aussi et surtout par une foule de curieux qui s’arrêtent tous les 10 mètres pour prendre des photos. Cette congestion estivale dissuade chaque année les riverains de se balader dans le coin.
Aujourd’hui, ils sont de plus en plus nombreux à s’offrir une promenade entre les bâtiments en pierre grise, appréciant la basilique Notre-Dame et d’autres joyaux historiques généralement pris d’assaut à cette période de l’année. Il en va de même pour des villes comme Victoria, qui ne connaîtront pas de pics touristiques avant longtemps. Les bateaux de croisière n’accosteront pas cette année, et la vue de centaines de milliers de voyageurs se déversant dans la ville ne sera pas au rendez-vous, pour le meilleur et pour le pire.
Les Canadiens joueront-ils le jeu ?
Le Canada est le deuxième plus vaste pays de la planète derrière la Russie… et les Canadiens auront encore plus d’espace cette année en l’absence des touristes étrangers. Les restaurants et les campings ont réduit leur capacité pour rassurer les touristes sur les conditions sanitaires, et certains points d’intérêt comme l’Icefields Parkway, au nord de Lake Louise, ont mis au point un système de réservation strict pour espacer les visites et permettre au personnel de désinfecter les aménagements de manière cyclique.
Au début du printemps, le maire de Banff a reconnu qu’il était « étrange » qu’une communauté qui dépend uniquement de l’industrie du tourisme se confine de manière « aussi violente ». Aujourd’hui, Banff a rouvert ses portes. « Nous sommes très heureux d’accueillir à nouveau tout le monde. Nous savons que les Canadiens ont toujours voulu profiter de leurs parcs nationaux, c’est l’occasion », a déclaré le maire Karen Sorensen.
Mais l’envers du décor n’est pas reluisant. L’absence des visiteurs internationaux a un coût élevé pour l’industrie du tourisme. Par exemple, la communauté des affaires de Banff s’attend à une baisse de l’ordre de 60 % du chiffre d’affaires touristique en comparaison avec l’année 2019… du jamais vu ! Le parc national de Banff attire quelque quatre millions d’individus par an, et plus de la moitié des visiteurs viennent de l’étranger.
De nombreux restaurants ont commencé à s’endetter… et ceux qui ne le font pas épuisent lentement mais sûrement leurs économies. Pour beaucoup d’entre eux, aucun bénéfice ne pourra être envisagé avant l’été 2021. D’ici là, il s’agira simplement d’atténuer les pertes en misant sur la livraison à domicile et les plats à emporter. « Nous encourageons les individus à sortir de leur isolement, à quitter leur centre ville et à se rendre dans les grands espaces », a déclaré David Roberts, directeur général de l’hôtel Fairmont Banff Springs et vice-président régional de Fairmont Hotels & Resorts. D’ici là, les Canadiens évaluent leurs options : faut-il prendre le risque de la vie ?