Investir dans les fonds de fonds : est-ce rentable ?

Curieuse mécanique que celle des poupées gigognes : chaque couche dissimule la suivante, et l’ensemble intrigue autant qu’il déroute. Les fonds de fonds cultivent ce même goût du mystère, empilant les niveaux de gestion et d’expertise, promettant une alchimie de diversification… mais la facture suit-elle la promesse ?
Pour certains, ces véhicules ressemblent à des abris anti-tempête, capables d’atténuer les secousses des marchés. Pour d’autres, ils cachent sous leur sophistication de solides ardoises de frais, qui grignotent les rendements goutte à goutte. Investir dans un fonds de fonds, c’est naviguer entre prudence structurée et mirage d’efficacité : une équation qui provoque, attire, laisse sceptique ou séduit selon l’angle d’attaque.
Plan de l’article
Panorama des fonds de fonds : comprendre leur fonctionnement et leur place dans l’investissement
À Paris, Luxembourg ou Genève, les fonds de fonds se sont imposés comme des pièces maîtresses du patrimoine financier. Leur principe : ils n’achètent pas directement des titres ou de l’immobilier. À la place, ils choisissent des fonds d’investissement pilotés par des gérants aguerris. Ce modèle, minutieusement encadré par la réglementation européenne (OPCVM, FIA), multiplie les regards, entre capital-investissement, private equity et fonds immobiliers spécialisés.
- On trouve des fonds mixtes (actions et obligations), fonds diversifiés, fonds tournés vers l’immobilier, ou encore des thématiques ciblées : ESG, climat, innovation.
- Leur présence dans l’assurance vie s’est renforcée, surtout avec les contrats luxembourgeois, où la quête de stabilité et de variété occupe le devant de la scène.
Derrière le vernis de mutualisation, la sélection des supports n’a rien d’automatique : le gestionnaire doit juger la solidité des équipes, la pertinence des stratégies, la cohérence d’ensemble. En France, la montée du private equity a converti de nombreux institutionnels à ce modèle, séduit par la possibilité d’accéder indirectement à des PME non cotées ou à des opérations immobilières d’envergure.
Le fonds de fonds s’adresse autant à l’investisseur expérimenté, attentif à son couple rendement/risque, qu’au particulier désireux de diversifier sans plonger dans la technicité. Mais il faut garder l’œil ouvert : chaque étage de gestion vient avec ses propres frais, qui mordent sur la performance finale.
Quels avantages réels pour les investisseurs ?
Le premier atout mis en avant par les fonds de fonds : la diversification. En répartissant l’épargne sur plusieurs fonds exposés à des secteurs, zones géographiques ou classes d’actifs variés, le risque est dilué. Cette stratégie, appréciée tant par les particuliers que les institutionnels, agit comme un amortisseur face aux turbulences boursières.
Autre levier : la gestion professionnelle. Les équipes derrière ces véhicules sélectionnent, évaluent et réajustent les supports sous-jacents dans un univers d’investissement vaste. Le savoir-faire de ces gérants ouvre la porte à des stratégies pointues, parfois inaccessibles au grand public, que ce soit dans le private equity ou les fonds labellisés ESG.
- Accès simplifié à des fonds réservés en temps normal aux investisseurs institutionnels.
- Possibilité d’intégrer des approches de développement durable ou d’investissement responsable, devenues incontournables dans le paysage financier.
- Adaptation à tout l’éventail des profils, du prudent au téméraire.
La quête de rendement s’ajoute à cette gestion active des risques. Les fonds de fonds intégrés aux contrats d’assurance vie, en France ou au Luxembourg, offrent aux souscripteurs tout un panel de solutions, du revenu régulier aux stratégies à impact sociétal affirmé. Les contrats embarquant du private equity permettent aux particuliers de profiter de la croissance des entreprises non cotées, autrefois chasse gardée des gros investisseurs.
Frais, performances et risques : ce que révèlent les chiffres
Le revers de la médaille, ce sont les frais. Les fonds de fonds se distinguent par une structure tarifaire à double étage : frais du fonds de fonds, plus ceux des supports sous-jacents. En France, on navigue souvent entre 2 % et 3 % de frais de gestion annuels, sans oublier frais d’entrée ou de sortie. À titre de comparaison, un ETF ou un fonds indiciel tourne fréquemment autour de 0,3 % à 0,7 %.
Du côté des performances, les données mettent les ambitions à l’épreuve. Selon l’AMF, les fonds de fonds diversifiés offrent une performance annualisée nette de frais de 2 % à 4 % sur cinq ans. À comparer avec les fonds euros des assurances vie, dont la rémunération gravite à 2 %, mais avec une volatilité nettement plus faible.
- Sur dix ans, les fonds de fonds positionnés sur le private equity dépassent 7 % de rendement annuel, selon France Invest.
- La liquidité est souvent réduite par rapport à des fonds traditionnels : il faut parfois plusieurs semaines pour récupérer ses avoirs, surtout dans le non coté.
Le risque dépend largement de la composition du portefeuille : actions, obligations, immobilier, actifs alternatifs… tout influe. Un conseil : lisez attentivement le document d’informations clés (DIC) pour jauger volatilité et profil de risque. L’AMF renforce désormais la transparence sur la tarification et la structure des fonds : une avancée pour les investisseurs soucieux de savoir où va leur argent.
Peut-on vraiment espérer une rentabilité supérieure avec les fonds de fonds ?
Le marché des fonds de fonds nourrit la promesse d’une exposition à des stratégies surperformantes, notamment dans le private equity. Sur le papier, combiner les meilleurs gérants devrait permettre de profiter de leurs talents tout en limitant les dérapages. Mais la réalité oblige à mesurer l’écart entre théorie et pratique.
Type de fonds de fonds | Rendement annualisé sur 10 ans | Source |
---|---|---|
Private equity | 7,5 % | France Invest |
Fonds diversifiés | 3,1 % | AMF |
Fonds euros (assurance vie) | 1,8 % | INSEE |
- Les fonds de fonds axés sur le private equity tiennent le haut du pavé côté rendement, mais s’adressent avant tout à un public averti, prêt à tolérer une liquidité limitée et un horizon long.
- Les fonds diversifiés, accessibles à tous, peinent à devancer les grands indices comme le S&P 500 ou le MSCI Europe une fois les frais soustraits.
Choisir un fonds de fonds, c’est arbitrer entre l’attrait d’un rendement supérieur – souvent réservé au non coté – et l’impact des frais de gestion sur la performance. Les géants de la finance, de LVMH à Rothschild, multiplient les offres sophistiquées, mais l’accès et la sélectivité restent l’apanage de profils bien ciblés. Pour le reste, la promesse ressemble à une boîte gigogne : séduisante, mais pleine de surprises. À chacun de décider s’il veut ouvrir la prochaine.