Durée Euro 6 : Combien de temps restera-t-il en vigueur ?

Un moteur flambant neuf, acheté aujourd’hui, pourrait bien se retrouver sur la sellette avant même d’avoir roulé ses premiers 100 000 kilomètres. Tandis que l’Euro 6 règne encore sur le marché automobile, sa succession se prépare dans les coulisses — et l’ombre d’Euro 7 donne des sueurs froides aux propriétaires comme aux constructeurs.
Dans les conseils municipaux et les états-majors industriels, la tension grimpe. Les élus peaufinent les restrictions pour leurs centres-villes, les constructeurs scrutent la moindre annonce venue de Bruxelles, et les automobilistes s’inquiètent : leur voiture sera-t-elle bientôt persona non grata dans les ZFE ? Derrière la technique, c’est toute l’économie de l’automobile qui avance à tâtons, les yeux rivés sur le calendrier européen.
Plan de l’article
- Euro 6 : une norme qui structure le marché automobile européen
- Pourquoi la durée d’application de l’Euro 6 suscite-t-elle autant de questions ?
- Calendrier officiel et perspectives d’évolution vers l’Euro 7
- Ce que le maintien ou la fin de l’Euro 6 va changer pour les automobilistes et les constructeurs
Euro 6 : une norme qui structure le marché automobile européen
Depuis septembre 2014, la norme euro 6 s’est imposée comme la référence incontournable pour l’homologation des véhicules neufs dans l’Union européenne. Son objectif est limpide : tailler dans le vif des émissions polluantes — oxydes d’azote (NOx), monoxyde de carbone (CO), particules fines (PM, PN) et hydrocarbures (HC) —, qu’ils proviennent d’un moteur diesel ou essence. Mais cette règle n’est pas figée : elle s’est affinée, durcie, passant par plusieurs versions successives. Voici le parcours :
- euro 6b : première étape, entrée en vigueur en septembre 2014
- euro 6c : seuils encore resserrés pour les particules à partir de septembre 2017
- euro 6d-temp : introduction des tests en conditions de conduite réelle (RDE) dès septembre 2017
- euro 6d : l’exigence maximale, généralisée depuis janvier 2021
L’arrivée de la version euro 6d a tout changé : il ne suffit plus de réussir les tests en laboratoire, il faut aussi afficher patte blanche sur la route. Grâce à la procédure WLTP (Worldwide harmonized Light vehicles Test Procedure) et aux essais RDE (Real Driving Emissions), chaque véhicule doit désormais présenter un certificat de conformité prouvant qu’il reste dans les clous, même dans la vraie vie.
La norme euro 6 façonne la production, oriente la recherche des motoristes, influence la stratégie des industriels, et détermine l’accès aux zones à faibles émissions (ZFE) via la fameuse vignette Crit’Air. Sur le marché de l’occasion, posséder une voiture euro 6 reste un atout : elle change de mains plus facilement, tout en circulant sans restriction dans la plupart des métropoles qui ont adopté des restrictions sur la circulation.
Dans ce jeu d’équilibriste, la Commission européenne et les États membres surveillent de près l’efficacité de ces normes, conscients qu’au bout de la chaîne, ce sont la santé publique et le climat qui sont en jeu.
Pourquoi la durée d’application de l’Euro 6 suscite-t-elle autant de questions ?
La durée euro 6 ne préoccupe pas que les ingénieurs ou les juristes : elle fait bouillir tout l’écosystème automobile. Cette norme conditionne l’accès au marché, l’attribution des aides publiques, et surtout, la liberté de circuler dans les zones à faibles émissions. Le moindre changement de calendrier bouleverse la gestion des usines, la gestion des stocks, les investissements à long terme.
L’incertitude plane, car la date précise du passage à l’euro 7 et la fin d’homologation des modèles euro 6d ou euro 6d-temp n’ont pas encore été gravées dans le marbre. Le débat sur le facteur de conformité — cet écart toléré entre les émissions mesurées en laboratoire et sur route — reste vif, car il conditionne la vitesse à laquelle les industriels devront revoir leurs lignes de montage. Ces zones grises nourrissent l’attentisme, voire l’anxiété, du secteur.
- Le kilométrage annuel moyen et la date de première immatriculation pèsent lourd dans la balance : c’est ce qui détermine le classement d’un véhicule, donc son avenir.
- Le maintien ou la suppression des différentes classes euro 6 décidera du sort de millions de diesels et d’essence sur les routes européennes.
L’arrivée d’euro 7 a figé le secteur. Constructeurs, acheteurs, gestionnaires de parcs : tous attendent de savoir à quel moment les anciennes versions basculeront dans l’interdit. La durée de vie réglementaire de l’euro 6 n’est donc plus une question technique, mais un enjeu de stratégie industrielle et de politique publique.
Calendrier officiel et perspectives d’évolution vers l’Euro 7
L’Europe s’agite autour de la future norme euro 7. La Commission européenne propose une entrée en vigueur à deux vitesses : mi-2025 pour les nouveaux modèles, puis 2027 pour tous les véhicules particuliers et utilitaires légers. Rien n’est encore figé, car le Parlement européen et le Conseil gardent la main pour trancher. Le compte à rebours est lancé, mais le chronomètre pourrait encore changer de tempo.
Période | Norme applicable | Tests réglementaires |
---|---|---|
2020-2025 | euro 6d-temp, euro 6d | WLTP, RDE |
2025-2027 | Basculer progressivement vers euro 7 | WLTP (renforcé), nouvelles exigences RDE |
Avec euro 7, la barre monte encore : abaissement des seuils d’émissions polluantes, nouveaux critères pour les particules fines, le NOx et les composés volatils. Les tests WLTP et RDE se corsent pour coller au plus près à la réalité des trajets quotidiens. Les constructeurs devront équiper leurs voitures de systèmes de surveillance en temps réel (OBFCM), tandis que la traçabilité des émissions sur toute la durée de vie du véhicule devient la règle.
- À Genève, les experts de la CEE-ONU (UNECE) planchent sur une harmonisation mondiale des cycles de tests et des facteurs de conformité.
- Le chevauchement temporaire des modèles euro 6d et euro 7 va bouleverser l’accès aux ZFE et rebattre les cartes pour la vignette Crit’Air.
Mais la question la plus épineuse reste ouverte : chaque État membre pourra ajuster la période de transition à sa guise, selon ses propres choix politiques et les intérêts de son industrie. La date du retrait définitif d’euro 6d demeure donc une inconnue.
Ce que le maintien ou la fin de l’Euro 6 va changer pour les automobilistes et les constructeurs
Le sort de la norme euro 6 va redistribuer les cartes, pour les conducteurs comme pour les industriels. Aujourd’hui, la vignette Crit’Air classe la plupart des véhicules euro 6d en Crit’Air 1 ou 2, un passeport encore valable pour la majorité des zones à faibles émissions (ZFE). Mais l’arrivée d’euro 7 va durcir la sélection, et les critères d’accès risquent de se resserrer brutalement.
Côté constructeurs, l’incertitude pousse à accélérer la mutation :
- Cap sur l’électrification, les hybrides rechargeables, pour anticiper la bascule réglementaire.
- Investissements massifs dans les technologies de dépollution : SCR, filtres à particules de nouvelle génération, double injection essence…
Pour l’automobiliste, la fin programmée de l’euro 6d complique le choix d’un nouveau véhicule. Acheter une euro 6d-temp ou euro 6d reste judicieux à court terme — ces modèles circuleront encore dans les ZFE —, mais leur valeur à la revente baissera, au fil des restrictions renforcées dans les grandes villes.
Les diesels, déjà sous pression, voient leur avenir s’assombrir davantage. Désormais, le respect strict des émissions polluantes n’est plus une option, c’est un critère déterminant. Les constructeurs devront fournir des certificats de conformité irréprochables, alors que la surveillance des émissions en conditions réelles s’érige en nouveau standard.
Une chose est certaine : dans ce jeu de normes, la route change de visage à chaque virage réglementaire. Reste à savoir qui, du moteur thermique ou de la réglementation européenne, franchira le dernier kilomètre.