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Troubles psychiques de l’enfant : tout ce qu’il faut savoir sur ces troubles

Un diagnostic de trouble psychique est posé chez environ un enfant sur huit en France, selon l’Inserm. Les symptômes diffèrent selon l’âge, l’environnement familial et scolaire, ou encore l’intensité des difficultés rencontrées. Les diagnostics précoces restent rares, malgré des troubles présents parfois dès la petite enfance.

Certains signes d’alerte sont souvent confondus avec de simples phases du développement ou des réactions passagères. Pourtant, une prise en charge adaptée peut profondément modifier l’évolution et le quotidien de l’enfant comme de sa famille.

Comprendre les troubles psychiques chez l’enfant : de quoi parle-t-on vraiment ?

Derrière le terme troubles psychiques de l’enfant, on trouve une grande diversité de difficultés qui impactent l’équilibre émotionnel, psychologique et social des plus jeunes. Pour l’OMS, la santé mentale s’entend bien au-delà de l’absence de maladie : elle englobe la capacité à surmonter le stress, à développer des relations solides et à participer à la vie collective. Quand un trouble s’installe, ce sont les émotions, la pensée ou le comportement qui s’en trouvent durablement bouleversés. Ces manifestations peuvent surgir dès la maternelle ou attendre l’adolescence pour éclore.

Dans cet univers, les troubles anxieux côtoient les troubles du comportement, les troubles du développement ou encore les troubles de l’humeur. Chez l’enfant, l’expression du mal-être prend de multiples visages : peurs persistantes, accès de colère, tristesse qui s’éternise. À l’adolescence, le repli, le dénigrement de soi ou la prise de risques apparaissent parfois comme de nouveaux signaux.

Des facteurs de risque entrent souvent en jeu : une vulnérabilité génétique, l’histoire familiale, des environnements instables, des situations de précarité ou d’exposition à la violence. Mais l’histoire ne s’arrête pas là : une relation sécurisante avec un adulte, un entourage solide, ou le sentiment d’être utile constituent de puissants facteurs protecteurs. La résilience de l’enfant, cette capacité à rebondir face à l’adversité, se construit jour après jour.

Il serait illusoire d’imaginer la santé mentale de l’enfant déconnectée de sa santé physique. Un trouble psychique fragilise l’équilibre général, pèse sur la scolarité, la vie familiale, l’intégration sociale. La santé mentale ressemble à une ligne de crête, mouvante, entre forces et fragilités, qui façonne le parcours de chaque enfant.

Quels signes doivent alerter les parents au quotidien ?

Détecter un trouble psychique chez l’enfant n’a rien d’évident. Les symptômes n’adoptent pas toujours la forme attendue, et la parole manque parfois pour dire ce qui ne va pas. Souvent, l’enfant exprime sa souffrance autrement : par ses gestes, ses silences, ses changements soudains. Certains signaux, qu’ils soient discrets ou tonitruants, méritent une attention particulière de la part des parents et de l’entourage, bien avant que le mal-être ne s’installe.

Voici quelques éléments qui justifient d’être attentif au quotidien :

  • Des changements notables dans le comportement : retrait, irritabilité soudaine, agressivité inhabituelle, accès de colère répétés, opposition qui persiste.
  • Présence régulière de symptômes physiques : maux de ventre, céphalées, troubles du sommeil sans explication médicale évidente.
  • Difficultés scolaires qui surgissent : chute des résultats, problèmes de concentration, désintérêt pour l’école, refus d’y aller.
  • Modifications dans les relations sociales : isolement, rupture avec le cercle d’amis, difficulté à dialoguer ou à s’ouvrir.
  • Apparition de signes plus spécifiques : crises d’angoisse, tristesse qui ne passe pas, peurs excessives, gestes ou pensées répétitifs et envahissants.

Les troubles du comportement peuvent aussi prendre la forme d’une agitation persistante, d’une impulsivité difficile à canaliser ou d’une incapacité à suivre les règles. Parfois, c’est un trouble déficit de l’attention ou une hyperactivité qui s’impose, mettant à mal le quotidien de l’enfant et celui de ses proches. D’autres souffrances restent cachées : estime de soi en chute, sentiment d’être inutile, pensées obsédantes qui envahissent l’esprit.

Face à ces situations, il importe de solliciter un psychologue, un pédopsychiatre, ou d’en discuter avec un enseignant référent. La santé mentale des enfants réclame une vigilance constante, un dialogue franc, sans jugement ni tabou. Reconnaître rapidement la difficulté, c’est offrir la possibilité d’un diagnostic clair et d’un accompagnement adapté.

Zoom sur les troubles les plus fréquents pendant l’enfance et l’adolescence

Les troubles psychiques qui touchent les enfants et adolescents se manifestent sous des formes variées, parfois déconcertantes. Les troubles anxieux sont parmi les plus courants : peur de l’abandon, phobie scolaire, anxiété de séparation, ces difficultés concernent un grand nombre de jeunes. Viennent ensuite les troubles du comportement, marqués par l’impulsivité, l’opposition, parfois la violence ou l’isolement.

Les troubles du développement neurologique comme le TDAH (trouble déficit de l’attention avec hyperactivité) et les troubles du spectre de l’autisme jalonnent le parcours scolaire et social. Ces diagnostics s’accompagnent de troubles de l’attention, d’une agitation motrice ou de comportements rigides. Les troubles « dys », dyslexie, dysorthographie, compliquent l’apprentissage et minent la confiance en soi.

Les troubles obsessionnels compulsifs (TOC) s’imposent à travers des rituels, des pensées qui prennent toute la place, souvent mal compris par l’entourage. Sur le plan de l’humeur, le trouble dépressif s’installe parfois de façon insidieuse, modifiant l’énergie, l’appétit, le sommeil de l’enfant. Plus rares, le trouble bipolaire et la schizophrénie nécessitent une attention particulière et un suivi renforcé.

Les troubles du comportement alimentaire (TCA) tels que l’anorexie ou la boulimie émergent parfois dès l’adolescence. Leur expression est souvent silencieuse, le rapport au corps et à l’image de soi se distord. Ces différentes formes de troubles bouleversent la santé mentale des enfants et des adolescents. Elles posent à la société un défi de taille : savoir écouter, reconnaître et accompagner la fragilité des plus jeunes.

enfant stress

Ressources, accompagnement et conseils pour soutenir son enfant et la famille

Être parent d’un enfant concerné par des troubles psychiques, c’est avancer sur un chemin semé d’incertitudes. Les familles, les enseignants et les professionnels de santé forment un trio indispensable pour accompagner l’enfant et l’aider à retrouver un équilibre. Tout commence par la parole : même tout-petits, les enfants ressentent la disponibilité et la cohérence de ceux qui les entourent. Prendre le temps d’écouter, sans juger, permet de briser l’isolement et d’ouvrir la voie à la reconstruction.

Les professionnels de la santé mentale enfant structurent le parcours d’accompagnement : psychologue, pédopsychiatre, équipe de la médecine scolaire ou de la PMI. Pour certains troubles, des dispositifs comme la guidance parentale ou la méthode Barkley offrent des repères éducatifs éprouvés. Les thérapies, qu’elles soient individuelles ou familiales, instaurent des routines, restaurent la confiance et soutiennent le développement des compétences psychosociales. Jour après jour, la résilience se construit au cœur du quotidien.

L’école constitue un appui majeur. La mise en place d’un plan éducatif individualisé, l’intervention d’un médiateur scolaire ou l’adaptation des activités permettent de maintenir le lien avec le groupe. Le CESC (comité d’éducation à la santé et à la citoyenneté) lance des initiatives collectives pour améliorer le climat scolaire et favoriser le bien-être de l’enfant.

Deux pistes concrètes peuvent guider les familles et les proches :

  • Explorer les ressources de l’académie de médecine et suivre les recommandations du rapport académique sur la santé mentale des enfants.
  • Activer les réseaux de soutien social et communautaire : associations de parents, groupes de parole, plateformes d’informations fiables.

Porter attention à l’hygiène de vie, sommeil, alimentation, activité physique, ancre la santé mentale dans le quotidien. Soutenue, la famille peut retrouver des moments de répit, indispensables pour réinventer un équilibre sur la durée.

Accompagner un enfant avec un trouble psychique, c’est accepter d’avancer à tâtons, parfois dans l’incertitude, mais jamais seul. L’avenir se construit à plusieurs, et chaque pas compte pour redonner à l’enfant sa juste place dans le monde.