Pourquoi éviter l’utilisation du chat GPT : risques et alternatives à considérer

Des interactions prolongées avec des intelligences artificielles peuvent aggraver des troubles anxieux ou dépressifs existants. Certaines plateformes automatisées, utilisées pour obtenir des conseils personnels, présentent un risque d’erreur d’interprétation ou de formulation, sans alerte sur les conséquences possibles.Des institutions médicales mettent en garde contre l’auto-diagnostic algorithmique, susceptible de retarder une prise en charge professionnelle ou d’encourager des comportements inadaptés. La confiance excessive accordée à ces outils expose à des recommandations inexactes, sans encadrement ni suivi personnalisé.
Plan de l’article
- ChatGPT : un outil fascinant, mais quelles conséquences pour la santé mentale ?
- Quels sont les risques psychologiques liés à l’utilisation de ChatGPT au quotidien ?
- Auto-diagnostic, isolement, désinformation : des limites à ne pas sous-estimer
- Professionnels de santé : pourquoi leur accompagnement reste essentiel face à l’IA
ChatGPT : un outil fascinant, mais quelles conséquences pour la santé mentale ?
ChatGPT, la création d’OpenAI, s’est imposé sur nos écrans et dans nos conversations en un éclair. Capable de produire des réponses, de corriger des textes, de jouer le rôle d’assistant docile et même de confident, ce modèle de langage est devenu omniprésent. En France comme ailleurs en Europe, il séduit entreprises, salariés, étudiants par sa disponibilité et sa puissance de calcul. Mais sous cette apparence performante, plane un doute silencieux : quel impact sur notre santé mentale ?
Dialoguer avec ChatGPT ou tout autre LLM (language model) ne ressemble pas à une vraie interaction humaine. Aucune écoute, aucun regard, seulement des phrases produites en chaîne, toujours calibrées, jamais authentiques. Progressivement, l’isolement s’installe, les repères s’effacent, l’illusion d’une présence attentive masque une réalité froide. L’habitude s’ancre, surtout via une version gratuite qui prolonge l’usage presque à l’infini. Avec le temps, ceux qui abordent des sujets variés comme la santé, le droit ou la sphère intime avec ce robot oublient les limites intrinsèques de l’intelligence artificielle générative.
D’après la littérature scientifique, des signaux inquiétants s’accumulent. Une simple succession de réponses impersonnelles suffit à faire grandir anxiété ou perte de confiance, surtout chez les plus vulnérables. Les jeunes, férus de réseaux et d’applications instantanées, se retrouvent en première ligne face à cette attirance. On voit ainsi le seuil entre l’aide numérique et la dépendance à l’algorithme se déplacer, sans que personne ne sache vraiment jusqu’où il peut reculer.
Quels sont les risques psychologiques liés à l’utilisation de ChatGPT au quotidien ?
Interroger ChatGPT chaque jour, c’est succomber à la facilité d’un interlocuteur constamment disponible. Pourtant, cet usage quotidien n’est pas neutre. À force de laisser le chatbot décider ou orienter, on finit par se méfier de son propre jugement. L’esprit critique cède du terrain, l’autonomie se fragilise peu à peu.
Ce sont les personnes déjà exposées à l’isolement qui paient le prix fort. Le modèle GPT dialogue sans fausse note, mais il ne compensera jamais la richesse d’une vraie rencontre humaine. Privé d’empathie, il propose une fausse compagnie qui, loin de rassurer, accentue la solitude. À terme, les liens s’amenuisent, le sentiment de groupe disparaît.
Un autre enjeu surgit : la confidentialité des données personnelles. Les réponses générées ne sont ni infaillibles, ni impartiales. Chacun s’expose à des erreurs, des partis pris ou des conseils anxiogènes. Parfois, la masse d’informations récupérées questionne les libertés individuelles. De nombreux États européens s’interrogent sur l’ampleur de la collecte et la compatibilité avec des réglementations comme le RGPD.
Plusieurs effets négatifs s’installent lorsque ChatGPT prend trop de place dans la vie de ses utilisateurs :
- Affaiblissement des liens sociaux : l’échange authentique recule au profit de conversations factices.
- Fragilité psychologique accentuée : l’absence de filtre dans la transmission de données peut générer des failles.
- Dépendance croissante : le confort de la machine grignote la capacité à trancher seul.
Auto-diagnostic, isolement, désinformation : des limites à ne pas sous-estimer
L’automatisation du diagnostic personnel par des intelligences artificielles bouleverse l’accès à l’information médicale, mais sans garantie de fiabilité. Face à un symptôme ou un questionnement, ChatGPT délivre une réponse, mais sans filtre, sans anamnèse, sans prudence professionnelle. On voit émerger des erreurs d’interprétation, des minimisations de symptômes graves, ou au contraire des alarmes excessives pour des tracas bénins. Le recours massif à ces outils pousse à médicaliser chaque inquiétude et à retarder l’accès à une consultation véritable.
L’isolement progresse d’autant plus vite que la machine monopolise la parole. S’adresser à un agent conversationnel, c’est prendre le risque d’oublier le réconfort d’une vraie attention. Cette dynamique nourrit un retrait social de plus en plus marqué, surtout chez les jeunes utilisateurs.
En parallèle, la désinformation se propage. Impossible de vérifier l’origine des messages ou leur fiabilité. Approximations, emprunts non sourcés, erreurs amplifiées : l’environnement numérique perd en crédibilité. Même les solutions open source, qui affichent plus de transparence, peinent à garantir une traçabilité irréprochable, malgré les efforts mis en place par certains développeurs indépendants.
À ce stade, deux risques méritent d’être soulignés :
- Questions de droits d’auteur : la frontière entre inspiration, copie et création devient floue, au détriment des créateurs.
- Propagation de fausses informations : la rapidité de diffusion dépasse la capacité de discernement et d’analyse individuelle.
Professionnels de santé : pourquoi leur accompagnement reste essentiel face à l’IA
Entre un patient et son médecin, le dialogue ne se réduit jamais à une simple transmission de données. Il existe une écoute, des ajustements, une compréhension du non-dit, que l’intelligence artificielle ignore. Même techniquement avancée, elle ne remplace ni l’évaluation nuancée, ni la prise en compte de chaque situation. En France, la souveraineté numérique et la protection des données imposent un cadre strict. Pourtant, jamais une technologie, aussi impressionnante soit-elle, ne se substituera à la vigilance du soignant.
Pour mieux comprendre ce qui distingue le professionnel humain du robot conversationnel, considérons ces aspects :
- Valeur de l’expertise humaine : au-delà de la compilation de symptômes, le praticien décèle l’inédit, interprète le singulier, ajuste les traitements.
- Garanties pour les droits fondamentaux : sécurité, confidentialité, respect de normes rigoureuses, telles que l’ISO 27001, sont assurés par la supervision humaine.
L’arc du soin véritable s’étire dans la durée. Il suppose du dialogue, un suivi attentif, des corrections progressives. L’IA, si elle peut se montrer utile pour soulager certaines tâches, ne saurait contourner les exigences de la pédagogie, de la transparence ni l’éthique du système de santé européen. La déshumanisation, dénoncée par quantité de spécialistes, n’a rien d’inéluctable si l’on choisit l’écoute et le conseil professionnel face à la tentation de l’automatisation généralisée.
À chaque génération son défi : la nôtre devra décider si la confiance se construit auprès d’un algorithme ou dans le regard d’autrui.