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Origine du streetwear : Qui est le premier créateur ?

Des milliers de jeunes, à Los Angeles comme à New York, ont changé la donne sans permission ni plan marketing. La paternité du streetwear ne fait l’objet d’aucun consensus. Les premières pièces associées à ce courant apparaissent simultanément dans plusieurs grandes villes à la fin des années 1970. Plusieurs marques revendiquent une influence fondatrice, mais aucune n’a jamais été officiellement désignée comme l’initiatrice du mouvement.

Les designers et groupes culturels à l’origine du streetwear ont souvent évolué en marge des circuits traditionnels de la mode. Les frontières entre inspiration, imitation et innovation restent floues, alimentant depuis des décennies une rivalité discrète entre pionniers autoproclamés et figures reconnues.

Quand et comment le streetwear a-t-il vu le jour ?

New York, Los Angeles : deux foyers qui, dès la fin des années 1970, font vibrer la culture urbaine. À cette époque, le streetwear surgit à la croisée de l’expression personnelle et de la contestation. Dans les rues de Harlem ou sur les plages de Venice, un même réflexe : faire voler en éclats l’ordre vestimentaire établi.

La jeunesse s’empare des vêtements pour affirmer sa singularité. Les influences punk venues de Londres s’entremêlent à l’énergie du hip-hop new-yorkais et à l’esprit skate californien. Le streetwear ne cherche pas l’approbation des podiums : il s’impose sur le bitume, dans les clubs, près des playgrounds. Les silhouettes sont larges, les logos détournés, la personnalisation omniprésente : chaque pièce devient symbole d’émancipation face à la mode institutionnelle.

Voici comment, dans les deux grandes métropoles américaines, le streetwear a pris racine :

  • À New York, la culture hip-hop trace ses propres lignes : baskets montantes, survêtements éclatants, casquettes plates. Les crews s’inventent un langage visuel pour revendiquer leur quartier, leur identité, leur style de vie.
  • À Los Angeles, la scène skate et surf privilégie la décontraction : t-shirts sérigraphiés, shorts amples, sneakers usés. Les marques indépendantes surgissent, soutenues par des personnalités locales, loin des projecteurs de la mode classique.

Le streetwear s’est forgé en dehors des circuits traditionnels. Il s’est imposé comme une dynamique collective, portée par les réalités sociales de quartiers en pleine mutation. Hybride, en constante évolution, ce style naît du choc des cultures urbaines, oscillant entre affirmation de soi et remise en cause silencieuse des normes en vigueur.

Des influences croisées : surf, hip-hop et skate, moteurs de la culture streetwear

La culture streetwear s’est construite sur un jeu de miroirs entre trois univers : surf californien, hip-hop new-yorkais, et skateboarding. Chacun a insufflé ses propres codes au vestiaire streetwear, créant un ensemble cohérent, mais résolument pluriel.

Sur la côte ouest, dès les années 1970, la communauté surf invente une mode pratique, détendue. T-shirts passés, shorts amples, logos faits maison : ces vêtements marquent l’appartenance à une tribu, l’envie de se démarquer des conventions. Avec des marques comme Stüssy, la planche de surf se métamorphose en support d’affirmation visuelle.

Côté Est, New York impose sa cadence. Le hip-hop introduit survêtements brillants, baskets, chaînes dorées dans le paysage urbain. Les artistes et crews utilisent la mode comme un manifeste social : chaque tenue devient prise de parole, réponse à la précarité et à la marginalisation.

Pendant ce temps, la scène skate, à la marge, bricole son propre vestiaire. Sneakers robustes, pantalons larges, sweats à capuche : la culture skate détourne les références sportives et impose l’audace, la solidarité, le goût de la rupture.

Pour bien comprendre les influences qui ont façonné le streetwear, voici les principales contributions de chaque scène :

  • Surf : identité de la côte ouest, décontraction, émergence de marques artisanales
  • Hip-hop : affirmation forte, transformation des vêtements de sport en symboles
  • Skate : esprit de défi, réappropriation des codes urbains

Le style streetwear se nourrit de ces influences croisées, s’impose comme un langage universel et traverse les continents porté par la jeunesse.

Qui peut vraiment être considéré comme le premier créateur du streetwear ?

Déterminer l’identité du « premier créateur » du streetwear relève du casse-tête. Ce courant est né de rencontres, de ruptures, d’appropriations collectives. Pourtant, un nom s’impose dans les récits : Shawn Stussy. Californien, il commence par signer des planches de surf avant d’apposer sa griffe sur des t-shirts. Dès les années 1980, il impose une esthétique graphique et une vision du style qui brise les codes établis.

Mais l’histoire du streetwear ne s’écrit pas à un seul nom. À New York, Dapper Dan réinvente le luxe en l’adaptant à la rue. Dans les années 1990, James Jebbia fonde Supreme et bouleverse l’économie de la mode urbaine, en changeant la valeur de la rareté. Au Japon, Hiroshi Fujiwara crée un pont inédit entre influences américaines et japonaises, mélangeant punk, hip-hop et skate dans une vision novatrice.

Chacune de ces figures a laissé une empreinte. Shawn Stussy cristallise l’esprit originel : lancer une marque indépendante, faire du vêtement un manifeste et refuser les carcans imposés. Les autres grands noms, eux, élargissent le spectre, du tailoring détourné de Harlem à la culture club de Tokyo.

Voici un tour d’horizon des personnalités qui ont marqué, chacune à leur façon, la naissance du streetwear :

  • Shawn Stussy : Californien, il injecte l’esprit surf et skate dans la mode urbaine
  • Dapper Dan : tailleur iconique de Harlem, il réinvente le luxe pour la rue
  • James Jebbia : créateur de Supreme, emblème de la scène new-yorkaise
  • Hiroshi Fujiwara : figure incontournable de la scène japonaise, passeur entre les cultures

Le streetwear ne suit pas une généalogie linéaire. Il se construit à travers ces trajectoires singulières, toutes animées par l’envie de faire de la rue un terrain d’expression libre.

Femme créatrice de mode dans son studio avec croquis

Des marques pionnières aux communautés d’aujourd’hui : l’évolution d’un mouvement mondial

Les premières marques de streetwear, de Stussy à Supreme, ont ouvert la voie à une industrie globale et bouillonnante. Ce courant, né sur les trottoirs américains, a traversé les océans. Désormais, à Tokyo, Paris ou Londres, les jeunes s’approprient la culture urbaine et la réinterprètent à leur image. Le streetwear d’aujourd’hui ne se limite plus à une question de style : il véhicule des aspirations à la mixité sociale, à l’inclusivité, à la fluidité des genres.

La rencontre entre marques indépendantes et grandes maisons de luxe a effacé les anciennes frontières. Virgil Abloh, de Off-White à Louis Vuitton, ou Demna Gvasalia chez Balenciaga, ont redéfini les règles : la haute couture côtoie les vêtements de rue sans complexe. Nike, Adidas, Gucci multiplient les collaborations pour séduire des communautés à la recherche de nouveauté et de reconnaissance.

Mais derrière le succès, de nouvelles attentes émergent : engagement social, durabilité, quête d’un vestiaire plus responsable. Le streetwear continue d’innover, porté par la dynamique des réseaux sociaux. Les codes changent, de nouvelles voix s’imposent, parfois en opposition avec les générations précédentes.

Les dernières évolutions du streetwear se lisent dans ces tendances marquantes :

  • L’affirmation de la mode streetwear dans toutes les grandes métropoles
  • Le dialogue constant entre l’industrie du luxe et la rue
  • L’importance accordée à l’inclusivité et à l’engagement collectif

Des plages californiennes aux capitales mondiales, le streetwear n’a jamais cessé de muter. Sur le bitume ou dans les ateliers de création, il continue de bousculer les lignes, porté par celles et ceux qui refusent de marcher au pas.