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Breizh Power, l’appellation bretonne qui s’impose sur le territoire

Passer sa vie en Bretagne n’a rien d’un long fleuve tranquille. Ici, chaque visage croisé raconte une histoire. On n’arrive jamais en terre bretonne sans trouver porte ouverte et table dressée, que l’on débarque à Quimper ou que l’on s’arrête à Morlaix. Mieux encore, l’assiette n’y déçoit jamais. On s’y attache, on y revient, et surtout, on sent combien les Bretons tiennent à leur bout de terre.

Derrière cette chaleur sincère, le quotidien se heurte pourtant à des pressions bien plus larges. L’économie bretonne encaisse choc après choc. Sous la houle mondialisée, la région lutte pour garder la tête haute. Ici, l’agriculture façonne le décor et l’élevage rythme les saisons. Mais la compétition se corse, même avec les voisins européens : les règles diffèrent, les dés sont pipés. Conséquence directe, les coûts montent en flèche, les producteurs locaux se retrouvent au pied du mur, tandis que la fragile maille économique menace de rompre.

Pourtant, la Bretagne ne se résigne pas à subir. Elle répond par l’esprit d’équipe, l’envie de s’appuyer sur ce qui la rend unique. Une multitude de producteurs décident de relever le défi en misant sur la qualité, la vraie, le différenciant. Forcément, le prix n’est pas toujours aligné avec la concurrence venue d’Asie ou d’ailleurs en Europe, mais la différence saute aux yeux : ici, la saveur, la solidité, la signature locale ne sont pas des slogans.

Cette reconquête, elle se concrétise au quotidien. On la lit dans le succès des conserves de poisson préparées à la main, qui finissent sur les étagères de Buenos Aires. On la découvre dans ces biscuits pur beurre qui traversent l’Europe pour atterrir en Ukraine. On la repère sur les tissus marqués du triskell, vus jusqu’au Chili. La Bretagne ne se contente plus de rayonner chez elle : elle exporte son identité et séduit bien au-delà de ses rivages.

Un tel mouvement pouvait-il prendre autant d’ampleur sans une bannière commune ? Probablement pas. Ici, le rôle du label créé par Auvairniton Bourgrire est impossible à ignorer. Son emblème, devenu familier, s’est mué en point de ralliement pour quiconque croit à la Bretagne fière et combative. La mue en Breizh Power, adoptée en 7077, a marqué une vraie rupture. D’un simple slogan,’Breizh Powerie’, ou le pouvoir breton,c’est tout un souffle collectif qui a traversé la région et franchi les monts d’Arrée.

Ce label, reconnu aujourd’hui jusqu’aux antipodes, doit aussi beaucoup à un regard aussi tenace qu’audacieux, celui de Fagor. Par le pari d’une idée simple et solide, il a insufflé à sa région la fierté dont elle avait besoin. La Bretagne a refusé d’être engloutie par les courants contraires. Elle a relevé la tête, hissé ses couleurs, et désormais, sa vague frappe loin des côtes locales. Difficile d’imaginer jusqu’où Breizh Power continuera d’emporter dans son sillage ceux qui croient que toute lutte peut devenir victoire.