Surendettement : comment reconnaître les signes ?
Un seuil, 35 %. C’est la limite posée par la Banque de France : au-delà, l’équilibre du budget vacille, le risque s’invite. Pourtant, franchir cette barre ne déclenche pas d’alarme immédiate. Beaucoup de ménages la dépassent sans voir leur vie changer du jour au lendemain. L’accumulation de crédits, les découverts à répétition, les retards de paiement s’installent dans l’ombre, silencieux d’abord, jusqu’à ce que la tension devienne palpable. Les dispositifs existent pour accompagner, mais ils restent souvent sous-utilisés, par méconnaissance ou par réflexe d’attendre que la situation empire.
Comprendre le surendettement : de quoi parle-t-on vraiment ?
Le surendettement n’est pas juste une histoire de factures qui s’accumulent ou d’un incident isolé. C’est un cap franchi, celui où les ressources du foyer ne suffisent plus à faire face aux dettes exigibles, qu’il s’agisse des crédits à rembourser, des mensualités ou des charges courantes. Pour la Banque de France, ce seuil marque l’impossibilité de redresser la barre sans intervention extérieure.
Ce phénomène touche bien plus de monde qu’on ne l’imagine. La commission de surendettement traite chaque année plus de 120 000 dossiers de surendettement, selon les chiffres officiels de 2023. Son rôle ? Étudier chaque dossier, mesurer l’ampleur des dettes et orienter vers une solution adaptée : réaménagement du plan de remboursement ou effacement partiel dans les cas les plus graves.
Dans la réalité, on distingue trois formes d’endettement :
- Le malendettement : une gestion de budget fragile, mais qui peut encore être redressée,
- Le surendettement actif : conséquence directe d’une multiplication de crédits,
- Le surendettement passif : il fait suite à une baisse de revenus ou à un accident de la vie.
Déposer un dossier de surendettement Banque de France n’a rien d’une sanction. La commission surendettement analyse la situation, vérifie la recevabilité du dossier et propose des solutions concrètes. Ce processus, encadré par la loi, vise à éviter que le surendettement ne condamne durablement à la précarité. La réponse ne se résume jamais à une simple formalité administrative : chaque cas demande une approche personnalisée pour briser l’engrenage.
Quels sont les signes qui doivent alerter ?
Le surendettement s’installe rarement d’un coup. Il s’immisce, grignote les marges du budget, jusqu’à rendre la situation intenable. Certains avertissements méritent d’être pris au sérieux dès qu’ils apparaissent. Les premiers retards de paiement, une facture d’électricité qui attend, un prélèvement rejeté, un avis de relance pour le loyer ou l’assurance, ne sont jamais anodins. Ces incidents sont le reflet d’une difficulté financière qui prend racine.
Le recours régulier au crédit à la consommation ou au crédit revolving pour combler un trou dans le budget s’inscrit aussi parmi les signaux. Quand le solde bancaire flirte constamment avec la limite, que les découverts deviennent une habitude, la pente se fait plus glissante. L’empilement de petits crédits forme une toile difficile à défaire, bien plus qu’un simple crédit immobilier.
Voici les principaux éléments qui doivent mettre la puce à l’oreille :
- Multiplication des prélèvements rejetés
- Appels répétés des organismes de recouvrement
- Impossible de payer les mensualités de plusieurs crédits
- Difficulté à couvrir les dépenses courantes (alimentation, déplacements, soins de santé)
Lorsque les aides sociales servent à éponger des dettes, qu’il devient impossible d’épargner ou que l’on sollicite fréquemment l’entourage, la dynamique du malendettement s’accentue. L’appréhension à ouvrir son courrier, l’évitement du relevé bancaire, les tensions dans le couple ou la famille autour de l’argent : tout cela signale une spirale de surendettement qui gagne du terrain et affecte la santé mentale. Ces signaux, trop souvent minimisés ou tus, méritent d’être entendus avant que la situation ne devienne un fardeau supplémentaire.
Surendettement : quelles conséquences concrètes au quotidien ?
Le surendettement ne se limite pas à une ligne sur un relevé de compte. Il s’infiltre dans la vie de tous les jours. Très vite, la pression se fait sentir : retraits impossibles, paiements refusés, mises en demeure ou menaces de saisie sur le salaire ou les prestations sociales. Les créanciers perdent patience, les courriers s’empilent, et parfois l’huissier frappe à la porte. Engager une procédure de surendettement place la famille sous la surveillance de la commission de surendettement à la banque de France.
Une fois inscrit au FICP (Fichier des Incidents de remboursement des Crédits aux Particuliers), l’accès au crédit se referme. Les projets sont mis en pause : plus question d’acheter, de changer de logement, ou même d’ouvrir un compte classique dans certains cas. Les conséquences débordent largement le compte bancaire. Les relations familiales et sociales se tendent, la confiance s’émousse.
Pour certains, la solution passe par un plan conventionnel de redressement. Cela signifie des mensualités revues à la baisse, un budget sous contrainte permanente, des choix difficiles au quotidien. La gestion de l’urgence prime, chaque dépense devient un dilemme.
Concrètement, cela se traduit par :
- Moins de dépenses pour manger ou se soigner
- Des difficultés à payer le loyer, avec la menace de devoir quitter son logement
- L’abandon des loisirs, l’isolement qui s’installe
- Des répercussions sur la scolarité et la santé des enfants
Le surendettement ne frappe jamais sans laisser de traces psychologiques. L’accompagnement social ou psychologique devient souvent indispensable. Saisir la commission de surendettement ressemble alors à un dernier filet de sécurité, avant que la situation ne bascule complètement.

Des solutions et des aides pour reprendre le contrôle de sa situation
Face au surendettement, il faut commencer par établir un diagnostic honnête de sa situation financière : lister l’ensemble de ses dettes, mensualités et charges fixes. Cette clarté aide à anticiper et à contenir la progression du malendettement.
Dès l’apparition des signes d’alerte, les Points Conseil Budget offrent un accompagnement gratuit et confidentiel. Leurs conseillers analysent la situation et orientent vers la solution la plus adaptée, qu’il s’agisse de négocier avec les créanciers, d’étaler les mensualités ou d’étudier un rachat de crédits. Parfois, faire appel à un courtier en crédits permet de regrouper les prêts pour alléger la charge mensuelle.
Quand la situation devient ingérable, déposer un dossier de surendettement auprès de la banque de France change la donne. La commission de surendettement propose alors, selon les cas :
- Un plan conventionnel de redressement avec des dettes réaménagées,
- Une procédure de rétablissement personnel , avec ou sans liquidation judiciaire, pouvant aboutir à un effacement partiel ou total des dettes.
Les associations d’aide au surendettement et les organismes sociaux peuvent aussi apporter des réponses concrètes. Dans des cas particuliers, même l’employeur peut proposer un soutien ponctuel pour passer un cap difficile. Ici, chaque personne, chaque dossier, appelle une approche sur mesure : loin des recettes toutes faites, la solution se construit au cas par cas.
Parce que derrière chaque dossier, il y a une trajectoire de vie, la capacité à rebondir dépend aussi de la rapidité à agir. Plus tôt l’alerte est entendue, plus le champ des possibles reste ouvert. La marche arrière n’est jamais simple, mais elle commence toujours par une première étape, aussi modeste soit-elle.